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Au départ de Tokyo, j’ai eu la chance de passer quelques jours à arpenter le Shikoku, la mer intérieure de Seto et la région d’Okayama. Une escapade entre beaux panoramas, arts anciens et contemporains ainsi que repas raffinés, toujours en immersion dans les traditions japonaises. Ce second article est le complément d’un premier récit.

jardin héron
Un héron bleu dans le jardin Ritsurin de Takamatsu, l’une des étapes de l’itinéraire.

Traditions japonaises à Tokyo

Le voyage commence par la capitale, véritable porte d’entrée sur le pays et source inépuisable de points d’intérêts à rallier le temps d’une promenade, d’un goûter, d’une activité, d’une expérience, d’une visite de musée, etc. Bref, il y a toujours quelque chose à y découvrir et j’ai, dans mon cas, appris qu’un pavillon de thé authentique se nichait au cœur du quartier central de Ginza, celui des magasins de luxe et de l’architecture la plus contemporaine.

S’essayer à la cérémonie du thé à Ginza

Me voici donc à deux pas de la gare centrale de Tokyo, à Ginza, dans un petit immeuble voisin du grand théâtre Kabuki-za. J’ai la chance de découvrir pendant 40 minutes l’art élégant de la cérémonie du thé, présenté par une autrice passionnée : Rie Takeda.

dame en kimono derrière portes coulissantes
Rie Takeda nous a rejoint dans le pavillon en faisant doucement coulisser la porte shoji.

Au Japon, celle-ci est une auteure reconnue sur ce sujet pointu, loisir ancien toujours pratiqué par plusieurs millions de ses concitoyens. Elle nous a rejoint dans la petite salle du pavillon, grande de quelques tatamis seulement et à l’angle duquel tout l’équipement nécessaire à la cérémonie était déjà disposé.

Pour faire très simple, la cérémonie du thé est une succession d’étapes précisément codifiées, centrées autour de la préparation puis la dégustation d’un bol de thé. Après que notre hôte m’ait montré comment faire, étape par étape, j’ai la chance d’attraper le fouet à mon tour et de m’essayer à la préparation d’un bol de matcha, le thé vert japonais obtenu à partir d’une poudre de feuilles de thé moulues.

Après cette expérience et un passage rapide à l’hôtel, j’arpente de nouveau les belles rues de Ginza pour dénicher le restaurant où je dînerai ce soir : un établissement de brochettes yakitori situé au 11e étage d’un immeuble. Et j’ai une table avec vue !

Un dîner tokyoïte dédié à la volaille hinaidori

Dans un cadre sobre et élégant, avec pleine vue sur les lumières de Ginza, cette riche première journée se termine donc dans un restaurant dédié au yakitori, les brochettes de poulet.

yakitori
Succession de brochettes plus délicieuses les unes que les autres.

Mais pas n’importe quelle volaille : J’ai la chance de déguster du hinaidori de la région d’Akita, l’un des trois poulets les plus réputés de l’Archipel et certainement l’un des meilleurs que je n’ai jamais goûté !

De là où je suis installé, je peux voir le chef préparer tranquillement les brochettes les unes après les autres, puis les faire griller au charbon de bois avant de les disposer sur leurs assiettes. Le dîner est délicieux.

Après cela, retour à l’hôtel, le Daiwa Roynet Hotel GINZA PREMIER. Celui-ci est confortable et idéalement situé au cœur de Ginza. Ma chambre est un peu plus grande que la moyenne. Mais demain, il faudra se lever tôt, car je quitterai la grande ville ! Tokyo est bien connecté au reste du pays.

D’Imabari à Saijo : vélo, château et hôtel zéro émission

Après un court vol à destination de Matsuyama, la grande ville de la préfecture d’Ehime, et de premières explorations, je me retrouve à choisir un vélo pour une excursion qui s’annonce panoramique et ensoleillée.

Pédaler sur la route cycliste Shimanami Kaido

Place au sport, mais sous le soleil : ce matin, j’enfourche un superbe vélo Giant à Imabari pour pédaler sur le premier tronçon de la route cycliste Shimanami Kaido, qui s’étend d’ici jusqu’à Onomichi dans la préfecture de Hiroshima. La location de vélo est bien organisée, et chacun peut récupérer une monture à l’une ou l’autre des extrémités (ainsi que tout le long du trajet) et la rendre n’importe où. Ce système offre énormément de souplesse pour profiter au mieux du territoire, surtout associé aux services d’envoi de bagages et de consignes.

hangar à vélos
Les stocks peuvent faire face à un éventuel afflux de voyageurs !

Difficile d’imaginer un paysage plus somptueux ! Depuis le grand pont qui nous porte et nous permet de traverser la mer intérieure, tout n’est qu’eau bleue, plages et îlots couverts de pins, sous un immense ciel clair. La piste cyclable, surtout sur les ponts successifs, n’est pas aussi large que je m’y serai attendu, mais elle est parfaitement isolée de la circulation automobile.

Je ne roule au final qu’une petite dizaine de kilomètres, ce qui est juste assez pour découvrir le potentiel de la balade – et me donner envie de revenir !

Je rends donc mon vélo sur l’île d’Oshima, au niveau d’un petit port de pêche. Je ne le sais pas encore, mais je m’apprête à avoir l’un de mes meilleurs déjeuners au Japon, et l’un des plus locaux.

Déjeuner incroyable au cœur de la mer de Seto chez Yoshiumi Ikiikikan

Sur l’île d’Oshima, voici l’un des restaurants les plus remarquables où j’ai eu l’occasion de déjeuner de toutes mes années au Japon : Yoshiumi Ikiikikan restaurant.

bâteau traditionnel et pont suspendu
La vue depuis le restaurant.

Dans une grande salle à manger située sur le quai, conçue pour accueillir une foule animée pendant les vacances d’été, et à des prix très raisonnables, j’ai découvert une variété de plats japonais agrémentés des saveurs de la mer intérieure de Seto. Surtout, le restaurant utilise en abondance des ingrédients d’origine locale, et presque tout ce que j’ai mangé ce midi provenait de la région. Presque tous les ingrédients, y compris l’huile d’olive, proviennent de la région d’Ehime.

Après ce déjeuner épatant, il est temps de retourner au point de départ de l’itinéraire cycliste : Imabari.

pont suspendu
Un dernier point de vue, avant de retourner à Imabari, depuis le poste d’observation Kirosan.

Château littoral et musée de la serviette à Imabari

Pour digérer, je profite d‘une visite culturelle au château reconstruit d’Imabari, l’un des trois châteaux de bord de mer du Japon contemporain. A l’origine, celui-ci donnait directement sur la plage, et c’est la mer qui fut canalisée pour en former les douves, dans une logique de fortifications.

château japonais Imabari

La construction actuelle du château, comme c’est le cas de l’immense majorité des donjons du pays, n’est pas d’origine. Le nouveau bâtiment en béton abrite un petit musée, dédié à l’histoire locale et à la complexe ronde de seigneurs qui se succédèrent ici au 17e siècle.

L’enceinte du château abrite aussi un sanctuaire où observer un alignement de torii vermillons.

La grande spécialité d’Imabari, qui fait la célébrité de la ville à l’internationale, ce n’est pas le château mais ce sont bien les serviettes.

Je prends ensuite la direction du Towel Museum, situé assez loin du centre-ville d’Imabari. Point d’explication sur l’histoire locale de la serviette, la convection ou le label dédié, ici. Non : j’arpente les longues salles d’un étonnant musée où les serviettes elles-mêmes sont des œuvres, car elles ont été créées en collaboration avec des personnages et de artistes japonais célèbres.

terrasse ensoleillée
Le Towel Museum prend place au cœur d’un jardin très bien entretenu, tout en contraste avec la ruralité japonaise qui l’entoure.

Après cette dernière visite du jour, direction la ville de Saijo pour dormir dans un hôtel unique en son genre.

Engagement écologique au ITOMACHI HOTEL 0

Ce magnifique hôtel de Saijo, conçu par l’architecte Kengo Kuma lui-même, est l’un des premiers hôtels « zéro énergie » du Japon à avoir reçu la certification ZEB en réduisant la consommation d’énergie et en créant suffisamment d’énergie pour couvrir la consommation

Tous les détails de l’architecture et de l’aménagement sont locaux, et le lieu est centré autour de sa source uchinoki, point d’eau qui canalise l’énergie du lieu.

fontaine et source

La source est véritablement le cœur de l’hôtel : tous les bâtiments s’ouvrent sur cette dernière. Je suis épaté par ma visite, tant le site est d’une architecture épurée, cohérente, que je ne m’attendais pas forcément à trouver ici. Les détails sont superbes, et l’engagement écologique plus que bienvenu.

Ce soir, pour dîner, plongée dans l’atmosphère joyeuse et détendue d’un izakaya de campagne, avec de quoi trinquer et des produits du cru.

Takamatsu : le jardin Ritsurin, les nouilles udon et le Mont Yashima

Aur réveil, déjeuner diététique à l’hôtel ITOMACHI HOTEL 0, toujours avec des produits locaux, dans une vaisselle faite de beaux matériaux. Je prends ensuite la direction de Takamatsu, capitale de la préfecture de Kagawa.

plateau du petit déjeuner

Un tour en barque dans le Ritsurin

Je n’avais jamais eu l’occasion de découvrir le jardin réputé de Takamatsu, le légendaire Ritsurin. C’est chose faite, et le matcha, la promenade dans les longues allées zigzagantes et le tour de bateau ne m’ont donné qu’une envie : revenir ici à l’automne pour profiter des couleurs de saison !

Le jardin est très vaste, et je l’arpente tranquillement en marchant, ce qui permet de découvrir différents parterres, la vue sur les montagnes qui le prolongent à l’ouest, les plans d’eau et son pont emblématique.

En chemin, je prends le temps d’une pause matcha, moins formelle qu’à Tokyo, avant de laisser un batelier prendre le relais et me mener en barque dans de ce côté le plus célèbre du Ritsurin. Heureusement, des chapeaux pointus à larges bords sont fournis pour se protéger du soleil de fin d’été.

jardin japonais et héron
Un héron bleu se fait discret au passage de notre barque.

Les nouilles Udon du restaurant Yamadaya

La spécialité de Kagawa sont bien les nouilles udon. Après l’exploration du Ritsurin, je me dirige vers un restaurant appelé Yamadaya. Celui-ci sert des udon qui sont impeccables, élastiques et souples comme il faut, cuites à la perfection, gourmandes et bien accompagnées.

La cerise sur le gâteau : ce plat populaire se déguste pour une poignée d’euros, quelques centaines de yens, ce qui surprend tant le cadre est élégant, fait de détails rustiques et raffinés, de peintures, de calligraphies, etc.

nouilles udon de Kagawa
Ces nouilles udon se dégustent ici froides, trempées au fur et à mesure dans une sauce dédiée.

Après le déjeuner, je continue la visite des essentiels de Takamatsu en entamant l’ascension du mont Yashima, qui domine la ville, mais aussi la mer intérieure de Sedo.

En haut du mont Yashima : panorama et trésors culturels

Le sommet plat de la montagne fut un site historique. Il est encore un site sacré où se trouve le temple Yashima, le 84e temple du pèlerinage des 88 temples de Shikoku. Celui-ci met en avant une figure de tanuki bienveillant, que je m’amuse à chercher dans les recoins du temple.

J’arrive ensuite au sommet du mont Yashima, où une ancienne échoppe a été réaménagée en café très contemporain, aux côté d’une structure très arrondi, un bâtiment municipal à plusieurs usages, dont la création artistique.

table avec vue sur la mer intérieure

Dîner dédié au olibu-gyu, le bœuf nourri aux olives

Aux côtés des udon, l’autres spécialité locale est l’olive, surtout du côté de l’île de Shodoshima. Le dîner constitue une piqure de rappel à ce sujet.

Tous les résidus de la presse des olives pour en tirer l’huile d’olive forment un aliment idéal pour nourrir le bétail. C’est ce que je découvre à Ichigo, restaurant de yakiniku qui me régale d’une fanfare de olibu-gyu, le bœuf japonais local, qui est donc nourri aux olives.

Le dîner est encore une fois un feu d’artifice de saveurs, parfait pour combler la longue journée de découvertes et de marche. Mais il ne faudrait pas que je m’habitue à festoyer ainsi tous les jours !

Après un dessert fruité, direction l’hôtel Clément de Takamatsu, un grand hôtel à l’occidentale parfaitement situé pour explorer la ville et les îles alentours, à mi-chemin de la gare et du terminal de ferry. Je profite d’une belle vue sur la mer intérieure plongée dans la pénombre.

À Okayama, le jardin Korakuen, le château et un autre bœuf japonais

J’ai la chance de poursuivre mon voyage dans le Japon classique et artistique avec une ultime étape de l’autre côté de la mer intérieure, à Okayama.

Le jardin Okayama Korakuen, l’un des trois jardins classiques du Japon

Après le Ritsurin de Takamatsu, le Korakuen d’Okayama est une nouvelle plongée dans l’art subtil des jardins japonais, construits sur d’invisibles jeux d’oppositions. Celui-ci m’étonne de par ses pelouses, ses cultures potagères et l’intégration du château comme paysage emprunté. Le jardin possède aussi des champs de thé donnant des feuilles de très bonne qualité, qui sont très recherchées par les amateurs.

jardin japonais et château Okayama

Il fait encore très chaud en ce mois de septembre, mais cela ne m’empêche pas d’apprécier les subtilités du jardin, guidé par un spécialiste anglophone.

Il suffit ensuite de traverser le fleuve Asahi pour atteindre le château voisin.

Le château reconstruit d’Okayama

L’intérieur du château vient d’être repensé, et offre désormais une belle muséographie noire et or très détaillée. Un bémol : l’anglais est absent. Cependant la visite du site et des fortifications constitue néanmoins un bon complément au Korakuen voisin.

château japonais Okayama
La silhouette du château vient d’être rénové : il est rutilant.

Déjeuner de chiyagyu au Shabu-shabu Sukiyaki Hitori Nabe Megu

Le festin n’est pas encore fini ! Ce midi, c’est chiyagyu, une espèce locale de bœuf japonais, qui se déguste ici en fines tranches bouillies. Si je veux goûter de nouveau ce bœuf excellent (encore !), il me faudra revenir dans ce restaurant intimiste et élégant, car cette viande est presque introuvable hors d’Okayama.

fines lamelles de bœuf, à bouillir

Conclusion

Cette semaine de voyage a constitué un plongeon dans l’art japonais, qu’il soit ancien, presque immuable, qu’il soit actuel et le fruit de traditions populaires, ou bien que les paysages du pays servent d’écrin à la création contemporaine. Je ne m’attendais pas à tant de richesses partout, et Ehime, Kagawa et Okayama m’ont surtout rappelé à quel point le Japon était fait de trésors sur l’ensemble de son territoire, et à quel point une escapade au départ de Tokyo était toujours une bonne idée.

Circuler entre Tokyo et les sites visités

Tous les transports convergent vers Tokyo, ce qui laisse de nombreuses options pour s’éloigner temporairement de la ville le temps de quelques explorations.

Pour ce voyage, j’ai pris l’avion depuis Tokyo Haneda, avec un vol opéré par ANA, ce qui m’a permis de rejoindre l’aéroport de Matsuyama (Ehime) en 90 minutes. Au retour, encore plus simple : je me suis confortablement installé dans un shinkansen en gare d’Okayama, et j’étais de retour à Tokyo moins de 3h plus tard.

Article écrit en partenariat avec TokyoTokyo.
#CHUGOKU+SHIKOKUxTOKYO

Julien

Julien

Freelance travel consultant based in Tokyo, I have been living in Japan for a couple of years. In France, I have published three books about Japanese destinations and culture, the first one being the description in texts and photos of a hundred views in Japan. I am deeply interested in sustainability and a more human-based way of traveling.